Ce livre analyse les rapports existants entre les notions d’abject et de sublime – que tout semble opposer et que la critique interroge à nouveau depuis quelques années, mais de manière séparée – pour penser la crise de la représentation survenue au vingtième siècle. Inaugurée par la déclaration hégélienne de la mort de l’esthétique en 1835 et entérinée par la guerre et l’expérience des camps invalidant, selon Adorno, les possibilités de l’art, cette crise invite à s’interroger sur les deux extrêmes de la représentation que sont l’abject et le sublime. C’est ce que font, chacune à leur manière, les œuvres de Georges Bataille, Jean Genet et Samuel Beckett. Dans leurs textes de théorie et de fiction, l’abject et le sublime occupent une place centrale, en tant que thématique, esthétique et poétique. Les deux notions y sont, dans chaque cas, indissociables. Ce livre montre que cette indissociabilité est caractéristique de la mutation esthétique advenue au siècle dernier. Par l’étude de trois œuvres majeures révélatrices de cette mutation, il révèle la nécessité actuelle de penser l’abject et le sublime conjointement, tout en offrant une nouvelle lecture des textes considérés.