En étudiant la littérature traduite, deux questions s'imposent d'emblée : pourquoi certains livres n'ont jamais été traduits et pourquoi d'autres, au contraire, l'ont été. Le présent travail se concentre sur la seconde interrogation et démontre que, loin de l'idée selon laquelle la "bonne littérature" se propage spontanément, chaque ouvrage traduit manifeste la volonté d'au moins un agent (un traducteur, un éditeur, un écrivain ou autres) qui est intéressé à importer des idées, des formes, des postures dans un nouvel espace de réception.


Ce travail observe les éditeurs qui traduisent et publient, entre 2005 et 2015, des romans contemporains français et allemands en Italie. Il reconstruit les stratégies dont ces éditeurs se servent pour bâtir leur identité publique et pour obtenir de la reconnaissance au sein du champ littéraire. Enfin, il dégage les usages et les valeurs attribuées à la littérature traduite dans le contexte de l'édition contemporaine.


Deux études de cas, consacrées à Emmanuel Carrère et Uwe Timm, complètent l'analyse et étalent en détail les mécanismes de la médiation de ces auteurs au sein de plusieurs maisons d'édition aux parcours et aux identités divergentes.