Le bassin du Congo constitue aujourd’hui l’une des zones mondiales les plus touchées par la perte de biodiversité. Très convoitées pour leur potentiel économique, de nombreuses espèces animales, dont l’habitat naturel a été détruit, ont disparu ou sont en voie d’extinction. Ce phénomène alarmant n’est pourtant pas récent. L’analyse des documents historiques démontre qu’il s’inscrit dans des systèmes prédateurs mis en place en Afrique centrale dès la 2e moitié du 19e siècle et amplifiés sous l’État indépendant du Congo et la colonisation belge. La chasse à l’éléphant, surtout motivée par l’ivoire, rapporte d’importants revenus au gouvernement, tandis que d’autres espèces offrent autant de bénéfices économiques que de motivations sportives, scientifiques ou de prestige. En réaction à cette fureur cynégétique, des institutions et des personnalités poussent à protéger les espèces les plus menacées. Des efforts importants, influencés par des tendances internationales, sont dès lors entrepris par les autorités belges pour limiter ces dégâts environnementaux : textes législatifs, instruments de contrôle, espaces naturels protégés et parcs nationaux, autant de mesures aux résultats toutefois mitigés.


Cet ouvrage éclaire, de façon inédite, l’histoire de la présence belge au Congo, en analysant la manière dont la colonisation gère les animaux sauvages sur son territoire. Dans un contexte général où émergent des sensibilités accrues en faveur de la protection écologique, il retrace l’histoire politique du fait environnemental. Les mesures et pratiques coloniales de conservation de la nature constituent des clés de lecture indispensables pour comprendre les interactions entre les colonisateurs, les populations congolaises et leur environnement.