Katia Mann précise dans ses souvenirs que Thomas Mann était « absolument allemand » et qu’il n’entretenait pas de relation forte avec la littérature française. Or, dans la préface des Betrachtungen eines Unpolitischen (1918), cette œuvre décriée, mais majeure, Thomas Mann voit lui-même « l’élément français » au cœur de ses débats. Cette étude tente de montrer quelle image Thomas Mann avait de la France et des auteurs français à l’époque de la Première Guerre mondiale. Les documents sur lesquels elle s’appuie ont l’avantage d’être peu connus et nous montrent qu’en s’opposant dans son œuvre de 1918 massivement à son frère ainé, Heinrich Mann, francophile et féru de littérature française, Thomas Mann a été fatalement, presque contre son gré, confronté à la littérature française de façon bien plus considérable qu’on ne l’attendrait.