L’attribution du prix Nobel de littérature, avec le cortège de revendications et de fiertés qui l’accompagne, conduit, chaque année, à un réagencement de la carte européenne et mondiale des littératures – réagencement qui, presque toujours, révèle des conflits de valeurs sous-jacents. D’où cette question: y a-t-il harmonie ou discordance entre l’idéal européaniste (voire mondialiste) qui semble indissociable du Nobel et la cartographie réelle des Prix Nobel de littérature ? Ou si l’on préfère: comment le prix Nobel réinvente-t-il chaque année sa légitimité au sein de l’économie européenne et mondiale de la littérature, afin de demeurer à la hauteur d’un présent culturel toujours plus complexe et plus réfractaire aux catégorisations disciplinaires comme nationales?