Les présentes études visent à mettre en évidence la fonction du lecteur dans le phénomène de la réception. Lire, en effet, ne signifie pas seulement saisir le sens de l'écrit. C'est également ressentir l'impact produit par la lecture, questionner le texte en réaction à cet impact, interroger l'expression afin de l'amener à répondre elle-même aux questions qu'elle nous pose. Ce questionnement introspectif qui s'engage par le medium des formes littéraires est le sens que nous donnons à la « trajectivité°», un terme que nous empruntons à la mésologie d'Augustin Berque. Si ce questionnement est quasiment imperceptible dans le cas des lecteurs ordinaires qui ne laissent aucune trace de leur lecture, il transparaît en revanche dans les œuvres en traduction. Les articles réunis dans ce volume, s'intéressant à des sujets aussi divers que les poésies classiques japonaise et chinoise, les œuvres de Rabelais, Zola ou Henri de Régnier, les écrits théoriques de Valéry ou Barthes, les œuvres en traduction de Beckett ou la philosophie de Watsuji, offrent un panorama très vaste des études sur la littérature en traduction. Interrogeant les œuvres sous l'angle de la trajectivité, les auteurs s'efforcent de découvrir la littérature sous une perspective nouvelle, réunissant dans un horizon commun les fonctions de l’auteur, du lecteur et du traducteur.